Jan Baetens es un poeta y e investigador nacido en San Nicolás, Bélgica, en 1957. Es quizás el último poeta flamenco de expresión francesa y autor de varios volúmenes de entre los que destacan Vivre sa vie, Une novellisation en vers du film de Jean-Luc Godard (Les Impressions Nouvelles, 2005), SLAM ! Poèmes sur le basketball (Les Impressions Nouvelles, 2006), Cent ans et plus de bande dessinée en vers et en poèmes (Les Impressions Nouvelles, 2007) y Cent fois sur le métier, que obtuvo el Premio Trienal de Poesía 2007 de la Communauté Française de Belgique. Presentamos una selección de textos de Pour une poésie du dimanche (Les Impressions Nouvelles, 2009). Las traducciones son de Mª Ángeles Aguilar Arcalá.
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Gottfried Benn, dermatólogo
Existe la herida, el corte cierto,
pero son inútiles.
Toda piel es transparente,
habla y yo la oigo.
Una mujer le enseña su epidermis, entera.
Él no piensa ‘piel vieja’,
quizás, incluso, se lo dice.
¿Me quieres? Ya no están aquí.
Para las caricias, he aquí los guantes,
sin los cuales tú no querías.
Date la vuelta. ¿Sientes que toco?
Soy, no soy.
Nuestra piel nos habita.
No es necesario desnudarse.
Gottfried Benn, dermatologue
Il y a l’entaille, l’incise, certes,
Mais elles sont inutiles.
Toute peau est transparente,
Elle parle et je l’entends.
Une femme lui montre son épiderme, toute,
Il ne pensé pas vieille peau,
Peut-être q’uil le lui dit, même.
M’aimes-tu ? Ils ne sont plus là
Pour les câlins. Voilà les gants,
Sans lesquels tu ne voulais pas.
Retourne-toi. Me sens-tu qui touche ?
J’y suis, je n’y suis pas.
Notre peau nous habite.
Pas la peine de se mettre à nu.
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Jean-Luc Caizergues, tramoyista de ópera
En mi sueño
imagino
ser el jefe
de una mafia.
Yo soy la ley
y dejo vivir.
La ley me sigue
para matar.
Tengo dos mujeres
para jugar y cuatro
gargantas degolladas.
A veces me
despierto… y todo
esto es verdad.
Jean-Luc Caizergues, machiniste d’opéra
Dans mon sommeil
Je m’imagine
Être le chef
D’une mafia.
Je suis la loi
Et laisse vivre.
La loi me suit
Pour faire tuer.
J’ai deux femmes
Pour jouer et quatre
Gorges tranchées.
Parfois je me
Réveille… et tout
Cela est vrai.
***
Bernard Heidsieck, banquero
Ya sea el dinero
Ya sea el polvo Ya sea la cólera
Todas las relaciones que se crean Son siempre
Crecer o morir No es por ejemplo
Una araña inmóvil
no es una araña que duerme
La inversión se vuelve sobre ella misma
como en el lugar del crimen Como uno que duerme
Mi capital-cólera es un arma
Me escondo en un armario
que solo se abre desde el interior
Muchas cosas se acumulan
No lo hace, por ejemplo, el polvo
sino la pólvora sobre los billetes suaves
Bernard Heidsieck, banquier
Soit l’argent
Soit la poussi`re Soit la colère
Toutes relations qui se tissent C’est toujours
Croître ou mourir Ce n’est pas par exemple
Une araignée immobile
N’est pas une araignée qui dort
L’investissement retourne sur lui-même
Comme au lieu du crime Comme un qui dort
Mon capital-colère est une arme
Je me dissimule dans une armoire
Qui ne s’ouvre que de l’intérieur
Bien des choses s’y accumulent
Non, par exemple, poussière
Mais la poudre sur les billets doux
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Abbas Kiarostami, cineasta
Hacer un poema
apagar un cigarrillo
no decir nada
dos veces nada
Incluso menos
todavía
o más ligero
que todo.
Pero el poema
una vez que se ha escrito
una vez ha alcanzado
la oreja de un lector
¿cómo hacer para parar
el fuego?
Abbas Kiarostami, cinéaste
Faire un poème
Èteindre une cigarette
Autant dire rien
Deux fois rien
Même mois
Encore
Ou plus léger
Que tout
Mais le poème
Une fois écrit
Une fois atteinte
L’oreille d’un lecteur
Comment en arrêter
Le feu?
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Jan Lauwereyns, investigador de psicología experimental
En vez de tener una secretaría,
un contable, una mecanógrafa,
una asistente, dos becarios,
una mujer en casa, otra en el despacho,
una invitación cada semana,
ofertas de trabajo excepcionales
a un coloquio de mi especialidad
en sociedades en Los Ángeles,
colecciono ratas, conejos,
monos, pero también humanos
y roedores de todas las naciones.
Los riego. Les quito los desechos.
Todos los días anoto sus proyectos
en la tabla de vivisección.
Jan Lauwereyns, chercheur en psychologie expérimentale
Au lieu d’avoir une secrétaire,
Une comptable, une dactylo,
Une assistante, deux stagiaires,
Une femme au foyer, une au bureau,
Une invitation chaque semaine
Des offres d’emploi exceptionnelles
À un colloque en mon domaine,
Das des sociétés à Los Angèles,
Je fais collection de rats, de lapins,
De singes, mais aussi d’hummains,
Et de rongeurs de toutes nations.
Je les arrose. J’enlève leurs déchets.
Tous le jours je note leurs progres
Sur les tabelles de vivisection.
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Maïakovsky, comisario del pueblo
Camarada, te doy tu forma fija: el plan.
Tu prosodia: las cuotas.
Tu material: los ruidos del astillero.
Tus rimas: la sirena,
la sirena,
la dinamita
(con los fallos incluidos),
el cañón.
Primer verso: un rey que derribar.
Segunda línea: una ley que debatir.
La noche en las casas (caldeadas o no).
Último artículo: una fe por la que luchar juntos.
Leeremos algo mejor que un poemario: un periódico.
Escribiremos algo mejor que un periódico: la VERDAD.
Maïakovsky, commissaire du peuple
Camarade, je te donne ta forme dixe : le plan.
Ta prosodie : les quotas.
Ton matériau : les bruits du chantier.
Tes rimes : le sifflet,
La sirène,
La dynamite
(Ratés compris),
Le canon.
Premier vers : un roi à abattre.
Deuxième ligne : une loi à débattre
Le soir dans les baraques (chauffées ou non).
Article dernier : une foi pour laquelle vous battre ensemble.
Nous lirons mieux qu’un recueil : un journal.
Nous écrirons mieux qu’un journal : la VÉRITÉ.
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